Bernard Le Bouyer de Fontenelle
Biographie :

Les 21 citations de Bernard Fontenelle :
L'amour est le plus abondant et le plus fertile de tous les sentiments.
II est plus aisé, et même plus commode de haïr que d'aimer à demi ; et les passages les plus difficiles ne sont pas ceux qui se font d'un sentiment à un autre qui lui est tout opposé, mais à un autre qui lui ressemble.
La conduite d'un amant doit être sérieuse et appliquée, mais la conversation en vaut mieux d'être quelquefois badine. On persuade par l'une, et on plaît par l'autre ; et le plus souvent il vaut mieux plaire que persuader.
L'art des conversations amoureuses est qu'elles ne soient pas toujours amoureuses. II faut faire de petites sorties, après quoi les retours vers ce qu'on aime sont beaucoup plus agréables.
De l'homme du monde le plus impérieux, une femme peut faire tout ce qu'il lui plaira, pourvu qu'elle ait beaucoup d'esprit, assez de beauté, et peu d'amour.
La beauté de l'esprit donne de l'admiration, celle de l'âme donne de l'estime, et celle du corps donne de l'amour. L'estime et l'admiration sont assez tranquilles, il n'y a que l'amour qui soit impétueux.
Les hommes ne goûtent souvent dans le plaisir d'être aimés que celui de triompher de la personne qui les aime.
La plupart des femmes aiment mieux qu'on médise un peu de leur vertu, que de leur esprit ou de leur beauté.
La médisance ressemble à ces étincelles qui s'élance d'un grand feu, et qui s'éteignent aussitôt quand on ne souffle pas dessus.
C'est prolonger la vie des grands hommes que de poursuivre dignement leurs entreprises.
Une grande habileté ne suffit pas pour oser se charger dans les affaires publiques d'un évènement considérable ; il faut encore un zèle vif, qui veuille bien courir les risques de l'injustice des hommes, toujours portés à ne donner leur approbation qu'aux succès.
La plupart de ceux qui ont excellé en quelque genre n'y ont point eu de maître.
Tel est capable d'arriver aux plus hautes connaissances qui n'est pas capable d'y conduire les autres ; et il en coûte quelquefois plus à l'esprit pour redescendre que pour continuer à s'élever.
II faut ne donner que la moitié de son esprit à la croyance de certaines choses, et en réserver une autre moitié libre où le contraire puisse être admis, s'il en est besoin.
La vanité à un certain point, c'est vice ; un peu en deçà, c'est vertu.
Le magnifique et le ridicule sont si voisins qu'ils se touchent. Rien n'est plus aisé que de tourner en burlesque les choses les plus sublimes. Tout ressemble à ces ouvrages de perspective, où des figures dispersées çà et là vous forment, par exemple, un Empereur, si vous le regardez d'un certain point ; changés ce point de vue, ces mêmes figures vous représentent un gueux.
II y a une raison qui nous met au-dessus de tout par les pensées ; il doit y en avoir ensuite une autre qui nous ranime à tout par les actions : mais à ce compte-là même, ne vaut-il pas presque autant n'avoir point penser ?
La raison qui nous sait penser mieux que les autres ne laisse pas de nous condamner à agir comme eux.
La terre ressemble à de grandes tablettes où chacun veut écrire son nom. Quand ces tablettes sont pleines, il faut bien effacer les noms qui y sont déjà écrits, pour y en mettre de nouveaux. Que serait-ce, si tous les monuments des anciens subsistaient ? Les modernes n'auraient pas où placer les leurs.
Tout est hasard dans le monde, pourvu que l'on donne ce nom à un ordre que l'on ne connaît point.
On ne meurt que le moins qu'il est possible, et tout mort qu'on est, on tâche à tenir encore à la vie par un marbre où l'on est représenté, par des pierres que l'on a élevées les unes sur les autres, par son tombeau même. On se noie, et on s'accroche à tout cela.