La nature, dont la marche est régulière en tout, a voulu que la mesure de la netteté ou de la confusion, des idées fut celle du jour et de la nuit. Le soir, quand la clarté diminue, elles prennent déjà une autre teinte, et la nuit, quoiqu'elles paraissent souvent grandes, et l'on pourrait dire lumineuses, elles ont toujours quelque chose d'exalté et d'incohérent qui tient de l'obscurité dans laquelle on se trouve, et de l'impossibilité où l'on est de voir ou d'apprécier les objets autrement que par la pensée. Le jour renaît-il, il éclaire à l'instant les esprits comme les yeux ; le jugement, la raison redeviennent justes et calmes, et tout ce que l'on a pensé, éprouvé, projeté pendant la nuit s'évanouit, ou ne paraît plus qu'une sorte de rêve.