Les hommes sont toujours séduits par la douceur des femmes, et ils confondent cette qualité avec la bonté, qui est tout autre chose, et qui en est même l'opposé : l'une se montre au dehors, l'autre agit au dedans ; telle femme, douce en apparence, est réellement fâcheuse et acariâtre ; telle autre, fière et emportée, est au contraire bonne et généreuse. La douceur n'est qu'une qualité négative, une mollesse de facultés qui permet au besoin une entière abnégation de soi-même, mais qui n'a point d'autre influence sur nous. La bonté, au contraire, est une chose toute positive, qu'on est toujours sûr de trouver en nous, parce qu'elle fait partie de nous-mêmes, et que rien ne peut altérer, parce qu'elle prend sa source dans la droiture du caractère et l'élévation des sentiments. Aussi pourrait-on dire de la douceur, qu'elle est la qualité des âmes faibles, et de la bonté, qu'elle est une des vertus des âmes généreuses.