Celui qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde se trompe fort ; mais celui qui croit qu'on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage.
Les faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent leurs défauts aux autres et à eux-mêmes ; les vrais honnêtes gens sont ceux qui les connaissent parfaitement et les confessent.
Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien.
La sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur beauté.
C'est être véritablement honnête homme que de vouloir être toujours exposé à la vue des honnêtes gens.
La folie nous suit dans tous les temps de la vie. Si quelqu'un paraît sage, c'est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune.
Il y a des gens niais qui se connaissent, et qui emploient habilement leur niaiserie.
Il y a des gens qui ressemblent aux vaudevilles, qu'on ne chante qu'un certain temps.
La plupart des gens ne jugent des hommes que par la vogue qu'ils ont, ou par leur fortune.
L'amour de la gloire, la crainte de la honte, le dessein de faire fortune, le désir de rendre notre vie commode et agréable, et l'envie d'abaisser les autres, sont souvent les causes de cette valeur si célèbre parmi les hommes.
La valeur est dans les simples soldats un métier périlleux qu'ils ont pris pour gagner leur vie.
La parfaite valeur et la poltronnerie complète sont deux extrémités où l'on arrive rarement.
L'intrépidité est une force extraordinaire de l'âme qui l'élève au-dessus des troubles, des désordres et des émotions que la vue des grands périls pourrait exciter en elle ; et c'est par cette force que les héros se maintiennent en un état paisible, et conservent l'usage libre de leur raison dans les accidents les plus surprenants et les plus terribles.
La plupart des hommes s'exposent assez dans la guerre pour sauver leur honneur. Mais peu se veulent toujours exposer autant qu'il est nécessaire pour faire réussir le dessein pour lequel ils s'exposent.
La vanité, la honte, et surtout le tempérament, font souvent la valeur des hommes, et la vertu des femmes.
On ne veut point perdre la vie, et on veut acquérir de la gloire ; ce qui fait que les braves ont plus d'adresse et d'esprit pour éviter la mort que les gens de chicane n'en ont pour conserver leur bien.
Il n'y a guère de personnes qui dans le premier penchant de l'âge ne fassent connaître par où leur corps et leur esprit doivent défaillir.
Il est de la reconnaissance comme de la bonne foi des marchands : elle entretient le commerce ; et nous ne payons pas parce qu'il est juste de nous acquitter, mais pour trouver plus facilement des gens qui nous prêtent.
Tous ceux qui s'acquittent des devoirs de la reconnaissance ne peuvent pas pour cela se flatter d'être reconnaissants.
Ce qui fait le mécompte dans la reconnaissance qu'on attend des grâces que l'on a faites, c'est que l'orgueil de celui qui donne, et l'orgueil de celui qui reçoit, ne peuvent convenir du prix du bienfait.
Les gens heureux croient toujours avoir raison quand la fortune soutient leur mauvaise conduite.
L'orgueil ne veut pas devoir, et l'amour-propre ne veut pas payer.
Le bien que nous avons reçu de quelqu'un veut que nous respections le mal qu'il nous fait.
C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul.
Quelque prétexte que nous donnions à nos afflictions, ce n'est souvent que l'intérêt et la vanité qui les causent.
On pleure pour être plaint, on pleure pour être pleuré.
C'est plus souvent par orgueil que par défaut de lumières qu'on s'oppose avec tant d'opiniâtreté aux opinions les plus suivies : on trouve les premières places prises dans le bon parti, et on ne veut point des dernières.
On se console aisément des disgrâces de nos amis lorsqu'elles servent à signaler notre tendresse pour eux.
Il semble que l'amour-propre soit la dupe de la bonté, et qu'il s'oublie lui-même lorsque nous travaillons pour l'avantage des autres. Cependant c'est prendre le chemin le plus assuré pour arriver à ses fins ; c'est prêter à usure sous prétexte de donner ; c'est enfin s'acquérir tout le monde par un moyen subtil et délicat.
Nul ne mérite d'être loué de bonté, s'il n'a pas la force d'être méchant : toute autre bonté n'est le plus souvent qu'une paresse ou une impuissance de la volonté.
Rien ne flatte plus notre orgueil que la confiance des grands, parce que nous la regardons comme un effet de notre mérite, sans considérer qu'elle ne vient le plus souvent que de vanité, ou d'impuissance de garder le secret.
On peut dire de l'agrément séparé de la beauté que c'est une symétrie dont on ne sait point les règles, et un rapport secret des traits ensemble, et des traits avec les couleurs et avec l'air de la personne.
La coquetterie est le fond de l'humeur des femmes, mais toutes ne la mettent pas en pratique, parce que la coquetterie de quelques-unes est retenue par la crainte ou par la raison.
On incommode souvent les autres quand on croit ne les pouvoir jamais incommoder.
Il y a peu de choses impossibles, et l'application pour les faire réussir nous manque plus que les moyens.
La générosité n'est souvent qu'une ambition déguisée qui méprise de petits intérêts, pour aller à de plus grands.
La fidélité qui paraît en la plupart des hommes n'est qu'une invention de l'amour-propre pour attirer la confiance, c'est un moyen de nous élever au-dessus des autres, et de nous rendre dépositaires des choses les plus importantes.
Il n'y a pas moins d'éloquence dans le ton de la voix, dans les yeux et dans l'air de la personne, que dans le choix des paroles.
La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu'il faut, et à ne dire que ce qu'il faut.
Il y a des personnes à qui les défauts siéent bien, et d'autres qui sont disgraciées avec leurs bonnes qualités.
Il est aussi ordinaire de voir changer les goûts qu'il est extraordinaire de voir changer les inclinations.
L'intérêt met en œuvre toutes sortes de vertus et de vices.
L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres ; c'est un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever ; et bien qu'il se transforme en mille manières, il n'est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité.
Tous les sentiments ont chacun un ton de voix, des gestes et des mines qui leur sont propres, et ce rapport bon ou mauvais, agréable ou désagréable est ce qui fait que les personnes plaisent ou déplaisent.
Dans toutes les professions chacun affecte une mine et un extérieur pour paraître ce qu'il veut qu'on le croie ; ainsi on peut dire que le monde n'est composé que de mines.
La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l'esprit.
Le plaisir de l'amour est d'aimer, et l'on est plus heureux par la passion que l'on a que par celle que l'on donne.
La civilité est un désir d'en recevoir, et d'être estimé poli.
Il n'y a point de passion où l'amour de soi-même règne si puissamment que dans l'amour ; et on est toujours plus disposé à sacrifier le repos de ce qu'on aime qu'à perdre le sien.
La libéralité n'est que la vanité de donner que nous aimons mieux que ce que nous donnons.
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