Les citations sur les illusions (2).

Quand la saison des illusions est passée, on n'a plus la candeur d'espérer le gros lot.

De toutes les illusions que nous sommes forcés de perdre avec l'âge, celle que nous voyons s'évanouir avec le plus de douleur est l'heureuse chimère qui nous fait croire, dans notre jeunesse, à l'affection, au dévouement sans bornes de nos amis.

Le cœur se fait toujours un peu illusion ; on aime tant à voir chez les autres les sentiments que l'on éprouve pour eux !

J'ai trop d'esprit pour me faire personnellement illusion ; je me fait un devoir d'opposer toujours ma raison à mon imagination, comme, en d'autres circonstances, j'oppose, aux tristes vérités de la méditation, la factice insouciance d'une fausse légèreté.

Rien ne prouve le malheur de la réalité comme le besoin des illusions.

L'illusion est semblable à une bulle de savon parée des plus riches couleurs que le moindre souffle détruit.

Quand le cœur de l'homme est sevré de bonheur, il se repaît d'illusions ; le cœur humain est comme l'espace, il a horreur du vide.

Vivre, c'est déperdre ses forces, ses affections, ses illusions et toutes ses espérances.

Se nourrir d'illusions, c'est mettre son esprit à la diète.

Sans l'illusion, le monde ne serait qu'un cimetière, et toute vie se précipiterait dans le suicide.

Le cœur préfère souvent l'illusion qu'il caresse à la vérité qu'il entrevoit.

L'illusion est une foi démesurée.

Qui se marie tôt a l'illusion qui aide à entreprendre et le temps qui permet de raccommoder.

La présomption est une illusion qui nous abuse, en nous inspirant une confiance que nous ne sommes pas capables de justifier.

Toutes les illusions de la vie meurent du moment où l'on a évalué la brièveté d'une année.

L'illusion, qui exerce un si grand empire sur l'homme dans tout le cours de sa vie, en a un bien plus grand dans les objets de ses amours, qu'elle embellit de tous ses charmes.

Ce qu'il y a de plus beau dans la vie, ce sont les illusions de la vie. Ce qu'il y a de plus respectable, ce sont nos croyances les plus futiles. N'existe-t-il pas beaucoup de gens dont les principes ne sont que des préjugés, et qui, n'ayant pas assez de force pour concevoir le bonheur et la vertu par eux-mêmes, acceptent une vertu et un bonheur tout faits de la main des législateurs ?

Une grande marque de la faiblesse de l'homme, c'est qu'il se plaît mieux dans l'état d'illusion que dans l'état de raison ; il court au-devant du plaisir qui l'abuse, il aide lui-même les autres à le tromper, et c'est toujours à une chimère qu'il demande son bonheur.

Il vaut mieux encore se désenchanter de soi-même que de se désenchanter de la vie ; nos plus dangereuses illusions ne sont pas celles du dehors, mais celles du dedans.

On est toujours heureux quand on aime, heureux de l'amour de l'objet aimé ou de l'illusion qui le suppose.

L'illusion est quelque chose de bien vivace dans le cœur de l'homme sensible ; victime de la méchanceté, c'est à peine s'il consent à y croire ; quand on est bon, il est si pénible de croire au mal !

Une de nos illusions les plus ordinaires est de nous faire une perfection des choses qui nous plaisent. Tout ce qui nous flatte est beau et honnête, tout ce que nous voulons nous semble saint et parfait.

On a assez des illusions de son orgueil et de son amour-propre, sans se laisser encore abuser aux discours des flatteurs, et aux louanges des sots.

Quand notre imagination nous environne d'aimables illusions, laissons-la faire, la raison ne nous rendrait pas les mêmes services.

L'homme au monde a dressé, en contrepoids à la réalité, l'illusion ; puis contre le danger de l'illusion il a dressé le contrepoids du vrai ; et les oscillations du fléau de la balance montrent qu’aucune réalité n'est probable sans une énorme quantité d'illusion.

Être soi-même infidèle, c'est perdre sa dernière illusion, c'est voir évanouir la vertu qui nous consolait.

Les passions les plus à craindre ne sont pas celles qui, en nous faisant une guerre ouverte, nous avertissent de nous mettre en défense ; qui nous laissent, quoi qu'elles fassent, la conscience de toutes nos fautes, et auxquelles on ne cède jamais qu'autant qu'on leur veut céder. Il faut plutôt redouter celles dont l'illusion trompe au lieu de contraindre, et nous fait faire, sans le savoir, autre chose que ce que nous voulons.

Mon cœur a passablement vagabondé, mais plus discrètement que le papillon. Il a été effleuré d'espérances et d'illusions, mais sans s'y laisser trop vivement aller. Il a parfois et souvent rêvé au bonheur, mais il a replié ses ailes et préféré le calme sans joie vive, à la joie vive sans calme.

Que de biens l'ignorance nous rend sublimes ! Les illusions de l'amitié et de l'amour, les perspectives de l'espérance, et les trésors même que nous découvrent les sciences. Les sciences ne nous charment que dans le commencement de leur étude, quand l'esprit s'y présente plein d'ignorance.

La gloire fondée sur un faux merveilleux n'a que le règne de l'illusion, et s'évanouit avec elle.

Plus on attend, plus il devient difficile de se marier, parce que le bandeau d'illusion tombe toujours plus des yeux.

Les illusions de l'amour ne corrompent jamais qu'un cœur déjà corrompu.

Un homme qu'une grande expérience et de profondes réflexions auraient éclairé sur les illusions de l'estime, la vanité de nos sciences, les erreurs de la raison, et les incertitudes de la prudence, enfin sur l'hypocrisie de la plupart des vertus humaines, pourrait fort bien regarder avec indifférence et dégoût les objets qui paraissent les plus importants aux autres hommes ; un tel observateur deviendrait frivole à force de profondeur.

Ceux qui aiment la vérité doivent chercher l'amour dans le mariage, c'est-à-dire l'amour sans illusions.