L'homme du monde lit quinze cents volumes dans sa vie, sans être un homme instruit ; l'homme de lettres en étudie la dixième partie, et devient un homme précieux. Cette différence vient de ce que l'un ne fait qu'aborder les idées; qu'il ne conserve de ses lectures, peu choisies, sans suite , et souvent futiles, que de quoi alimenter les conversations du jour ; il perd en solidité et en profondeur, ce qu'il acquiert en superficie; tandis que l'autre , tout entier à ses études, ne lit que des ouvrages essentiels, et qui, pour ainsi dire, se lient au même système, se complètent; ne s'attache qu'aux idées mères, les recueille, les médite, les développe, les lie entre elles, et en forme une masse d'idées et de connaissances, qu'il a toujours à sa disposition, et qu'il peut appliquer à tout ce qu'il veut traiter.