La méchanceté d'un homme naturellement vicieux, insensible, ou même cruel, est moins à craindre que celle d'un homme faible que les circonstances ont perverti. Le premier, quand le besoin du mal que lui a donné la nature est satisfait, peut au moins être calme un instant, et se laisser surprendre par quelques sentiments généreux, jusqu'à ce qu'une circonstance nouvelle réveille en lui ce terrible besoin. Mais l'autre en qui il est entièrement factice, et qui a dû faire un effort extraordinaire pour s'y abandonner, ne peut, dans le dérèglement de ses facultés, que céder à une rage aveugle qui devient une sorte de délire, et qui ne peut connaître ni satiété, ni bornes.