Le mérite isole l'homme plutôt que la médiocrité. Pour le peu qu'elle se recommande par quelque avantage extérieur, la médiocrité se fait partout une petite cour ; comme elle n'offusque pas, chacun s'empresse autour d'elle, on lui sourit, on la prône, on la caresse ; elle a ses partisans, ses amis, ses créatures, et tout ce petit monde fait sa renommée et entretient sa vanité. Mais il n'en est pas ainsi du mérite : comme il efface de son éclat les médiocrités qui l'entourent, il les a toutes pour ennemies ; on le fuit, et en le fuyant on le dénigre : le mérite n'est estimé que par ses pairs.