Michel de Montaigne (2)

Il ne faut pas laisser au jugement de chacun la connaissance de son devoir.

De toutes les vanités, la plus vaine c'est l'homme.

La vraie liberté, c'est de pouvoir toute chose sur soi.

L'éloquence fait injure aux choses qui nous détourne à soi.

Le monde n'est que babil et ne vis jamais homme qui ne dise plutôt plus que moins qu'il ne doit.

Savoir par cœur n'est pas savoir, c'est tenir ce qu'on a donné en garde à sa mémoire.

Toute autre science est dommageable à celui qui n'a la science de la bonté.

Toute âme s'élargit d'autant plus qu'elle se remplit.

Quiconque aura sa vie à mépris se rendra toujours maître de celle d'autrui.

Rien de noble ne se fait sans hasard.

La prudence si tendre et circonspecte est mortelle ennemie de hautes exécutions.

L'avarice, cette maladie si commune aux vieux, est la plus ridicule de toutes les humaines folies.

Autant de valets autant d'ennemis.

Aucun homme de cœur ne daigne s'avantager de ce qu'il a de commun avec plusieurs.

De dire moins de soi qu'il n'y en a, c'est sottise, non modestie.

L'honneur, c'est un privilège qui tire sa principale essence de la rareté.

Quiconque attend la peine il la souffre, et quiconque l'a méritée l'attend.

La méchanceté fabrique des tourments contre soi.

Le sage vit tant qu'il doit, non pas tant qu'il peut.

La vie dépend de la volonté d'autrui ; la mort, de la nôtre.

C'est faiblesse de céder aux maux, mais c'est folie de les nourrir.

Le pire état de l'homme, c'est quand il perd la connaissance de soi.

Les choses de quoi on se moque, on les estime sans prix.

Il est plus excusable d'être ambitieux que d'être vaincu.

Tout mouvement nous découvre.

Si les ennemis vous courent après, attendez-les de pied ferme, s'ils vous attendent de pied ferme, courez leur après.

On vend cher la victoire à son adversaire quand on provoque la mort.

Les morsures de la nécessité déchaînée sont les plus violentes.

La soif de la renommée l'emporte sur celle de la vertu.

Mieux vaut se hasarder que souffrir une lourde perte.