L'homme de mérite est modeste, à proportion qu'il mesure mieux l'espace qui reste encore entre ce qu'il sait et ce qu'il pourrait savoir ; entre ce qu'il fait et ce qu'il pourrait faire. L'homme ordinaire est orgueilleux et vain, à proportion qu'il s'occupe plus de la distance qu'il y a entre l'extrême ignorance et ce qu'il sait ; entre la nullité et ce qu'il est. Ainsi la modestie de l'un vient de ce qu'il regarde toujours au-dessus de lui, comme la fatuité de l'autre, de ce qu'il regardé toujours au-dessous.