Tous les jours de sa vie éphémère l'homme donne un gage à la mort ; ses facultés s'émoussent peu à peu ; les objets de ses affections meurent autour de lui, leur souvenir finit presque par s'éteindre dans son cœur ; et, chose affreuse à penser ! il ne peut attendre de la durée pour aucun de ses sentiments, pas même pour celui de la douleur la plus profonde et la plus juste. Il est bien temps que cet être délaissé, demeuré seul sur la terre, privé à la fois de sympathie et de souvenir, descende enfin dans la tombe vers laquelle il n'a fait que se traîner ; il est bien temps que celui qui a tant vu mourir meure à son tour, car, à force de gémir, la source de ses larmes s'est tarie, et il n'en a plus à répandre sur ses propres malheurs.