Mon péché, c'est la paresse, c'est la plainte, c'est la recherche de moi-même, c'est le découragement, c'est le laisser-aller. Je palpe mes privations légères et j'oublie les bénédictions que j'ai reçues : l'aisance, le loisir, l'intelligence, de précieuses amitiés, une belle vocation, quelque talent, l'indépendance à un degré rare, etc. Ai-je rempli tous mes devoirs, envers mes parents, mes amis, mon pays, les malheureux, envers ma profession, envers moi-même ? Mais non, pas un seul. Partout des négligences, des oublis, des insuffisances, des torts. J'ai esquivé les batailles et les difficultés de la vie, j'ai manqué d'ordre, de résolution, de virilité, de constance. Pour tout dire, en un mot, j'ai vécu au hasard, sans but moral et même sans but. Je n'ai plus contrarié ma mollesse, et j'ai jeté un voile sur le Devoir.